La tondue
motscoeur | La tondue | Ajouté le 11/12/2010 à 23h38 |
Femme, votre pourquoi hagard m’obsède, Au besoin de narrer votre histoire je cède, Lointaine et si présente, dans les manuels D’histoire d’une énième guerre irrationnelle. Je vous admire, dans un coin de votre appentis, Loin des regards haineux, le cœur repenti, Je pleure, en place de ceux qui ont abimé Votre mémoire calcinée à tout jamais. Nue, dans la salle délavée des ablutions, Vous cherchez dans le miroir la compassion, Votre visage pur, en besoin de consolation, A l’aide, vos yeux sanglotent de désolation. Dans le reflet argenté vous constatez Votre chevelure absente, violentée Par les chiens lâches et blessés de violence, Soulagés par le scalpe de votre innocence. De la paume de vos mains, vous éclaboussez Vos hanches, ce qu’il reste de votre féminité, D’une eau parfumée, soignant votre intimité, Vous pansez ce qu’il reste de votre amant passé. Sur le chevet des souvenirs, une photographie, Un sourire, un soupir, une symphonie. « Meine liebe »… souffle -t-il à votre oreille, « Je t’aime » … un peu maladroit, il vous ensoleille. En ces temps rationnés, l’amour ne l’était pas. Votre cœur sans barrières a fait le pas D’aimer un soldat ne marchant pas au pas Des consignes. Il vous rejoint à petits pas. Radio Londres, chansonnante, n’est plus brouillée. Sortent de l’ombre les rebelles, barbouillés Par des années de résistances à l’envahisseur. Vous n’avez su résistez à l’assaut de son cœur. Les mains posées sur le rond de votre sein, La tête endolorie par les mains vengeresses, Faudra-t-il que la rancœur épaisse disparaisse Pour que naisse le fruit de votre amour incertain ? Tête blonde, brune, ébouriffée ou bouclée, Peu importe, qu’il pointe le bout de son nez, Que triomphe le règne des amours insubordonnés Au verbe guerrier, innocente accablée. Grand-mère… tes mèches blanches me rappellent Que l’amour n’a pas de frontière, sans appel, Aux confins des discours savamment meurtriers, Que la vie, d’un cri dernier, met le pied à l’étrier… |
Grand Jacques | RE: La tondue | Ajouté le 12/12/2010 à 19h35 |
Tu nous rappelles un douloureux et honteux épisode de la fin de la dernière guerre. L'opprobre a été jeté sur ces femmes qui ont pêché par amour pour la plupart d'entre elles, cet amour qui a déclenché la haine. J'assimile ces événements, ces exactions à des exécutions sommaires, exécution pour ces femmes de leur dignité d'être humain. Il y a des passés dont il est difficile de faire table rase, celui que nous décris avec beaucoup de pudeur et d'émotion en fait parti. On n'en sort pas tout à fait intact à sa lecture. Ton poème rejoint un autre grand poète Georges Brassens qui a écrit sur le même sujet |
Lysée - Ho ! | RE: La tondue | Ajouté le 13/12/2010 à 12h40 |
Bonjour à nouveau ! Bravo pour cet écrit .. Très fort, réaliste, privé .. Bravo d'avoir pu poser les mots sur la page pour le dire, le partager ! Respect et au plaisir de te relire ! L. |
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