Mauvais rêve
germainsix | Mauvais rêve | Ajouté le 25/01/2012 à 11h29 |
Assis dans la vapeur, Tu contemples le lac Qui exhale une odeur De poivre et de cognac. De ce plat miroir brun, Tu entends le ressac, Et tu sens les embruns Qui te fouettent et qui claquent. Un dense et chaud soupir Monte de la surface, S’en aller parcourir Tes narines voraces, Te faire désirer, En cet instant fugace, De faire un peu durer, Ce qui n’est que préface. Car déjà les cieux clairs Dans un éclat dément, Se fendent en un éclair, Si noir et véhément, Que la terre elle-même, Dans son effroi, dément La communion suprême, De tous les éléments : La sublime intinction, Du blanc croissant de lune, Sa lente infiltration, Dans l’eau de la lagune, Tandis que concentriques, Les rides une à une, Célèbrent dans la crique, Une union de fortune. Mais aussitôt après, Séléné se retire, Et remonte d’un trait, Jusque dans son empire. Elle a quitté l’ivoire, De sa robe de cire Pour être toute noire, Au moment de partir. Elle semble peureuse, Elle pleure d’ailleurs Des larmes charbonneuses, Devant son agresseur. Car il y a trois doigts, Apparus tout à l’heure, Qui la mettent aux abois, En lui pressant le cœur. Et la lune adorée, Avant de rendre l’âme, D’une écorce dorée, Se recouvre et déclame : Je suis pâtisserie, Mais ce n’est pas un drame, C’est la cocasserie, Du rêve qu’on entame. Et sur ces mots curieux, Tu la vois qui s’avance, Avec un air sérieux, Deux ou trois pas de danse, Elle entrouvre ta bouche, Elle se fait pitance, Et t’étouffe, te bouche, En un cri de jouissance ! Mais voici qu’à deux pas, Une miette se lève, Et tu vois ton trépas, Dans ce décor de rêve, Plus proche que jamais. Te menaçant d’un glaive, Elle te court après, Mais la fin sera brève. Car dans cet air gluant, Tu ne peux pas bouger, Te démener, suant, Cesser de patauger. Elle t’a rattrapé, Et tu vas abréger Plonger dans le café, Avant d’être égorgé. Et un cri, et voilà, Et tu es dans ton lit. Tu es bien, tu es là, Très loin de l’hallali. Tu peux entendre au loin, Un sifflement faibli : La bouilloire d’étain, Les tasses dépolies. ---------------------- Si vous avez apprécié, j'ai plus de textes disponibles à cette adresse: http://artisteduquotidien.wordpress.com/ |
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