Naufrage


motscoeur Naufrage Ajouté le 16/10/2010 à 11h51
Naufrage

-Aimer.
Ce grand plongeon.
Flotter.
Exercice d’équilibre
Sur le fil de flottaison.
Ne pas paniquer.
S’abandonner.
Souffler,
La tête immergée.
Inspirer le temps suffisant, à l’air, libre.
Hochements de tête qui entrainent chaque parcelle du corps,
Sans effort,
Dans une brasse coulée.
Garder le rythme,
Surtout garder le rythme.
Ne pas s’arrêter,
Surtout ne pas s’arrêter.
Pour ne pas toucher le fond.
-Aimer.
Palpiter entre vie et mort.
Entre profondeur et ciel.
Ne pas perdre le souffle dans les courants superficiels.
Ne pas succomber aux abysses qui nous tirent loin du cœur en sommeil.
Les vagues, ha les vagues, qui balancent, qui giflent,
Dans le vent qui siffle.
Lutter.
Se laisser bercer.
Avant la tempête,
Plus rien n’est facile
Dans nos cœurs d’argile.
Empoignant les épaves d’amour,
Rester passible…d’un au secours,
Ou bien se débattre, se débattre au risque d’un non retour.
Dilemme permanent d’aimer
Contre vents et marées.
-Aimer.
Va et vient aux rythmes des désirs assumés,
Refoulés, consumés.
Lâcher prise.
Ne pas lâcher prise.
Ne pas abandonner le navire
Avant qu’il ne chavire.
L’équipage n’est pas en « nage » d’affronter le large.
Capitaine au long cœur, pris de court,
Constate, impuissant, aux pourtours,
Les voies d’eau d’un vaisseau abymé de rage.
Les mirages crient à l’abordage !
Sirènes, dévoreuses de naufrage,
Ne me trainaient pas dans vos sillages !
Les voiles lâchent
Et s’arrachent.
Le mât vrille
Et vacille.

Je plonge, m’enfonce
Et refait surface,
M’agrippant aux maux de cette page,
Bouées de sauvetage qui longent tes rivages.
Echoué sur la plage, apaisé,
Je me fais des épaules larges,
Sur lesquelles tu peux te poser.



loreley89 RE: Naufrage Ajouté le 16/10/2010 à 13h52
Beau poème, d'où surnagent tes hésitations, ta prise de conscience du temps qui passe, des fleurs qui se fanent, mais que toi jardinier, tu n'as plus la force d'apprécier...ou d'entretenir..c'est pas évident d'entretenir un jardin, surtout lorsque les fleurs s'étiolent, et qu'il faudrait leur redonner de la vigueur...j'espère que tu ne laisseras pas cette belle terre qui a tant donné, s'envahir par les ronces et les mauvaises herbes...Merci pour ces beaux écrits..nonobstant le capitaine qui attend la bouteille à la mer (ou à l'amer)

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