Quelques lignes sans importance
Zigueuner | Quelques lignes sans importance | Ajouté le 15/11/2006 à 10h49 |
Cet après midi j'ai vu une scène très suggestive pendant ma promenade .Alors que j'étais assis paisiblement sur un banc à l'ombre , deux ramiers sesont livrés sous mes yeux à des pigeonneries (si il s'était agit de cochonsj'aurais écrit "des cochonneries") et que le mâle te bécquetait la femelle , elle se gonflait sous l'assaut , lui voletait l'air avantageux , sûr de son affaire et elle je la soupçonnais consentante . J'ai pudiquement détourné le regard et laissé la nature suivre son cours , accomplir son oeuvre . Coquin de printemps ! Tout ça pour faire des bestioles qui bouffent par devant et éjectent par derrière . Une profonde reflexion s'est alors emparée de moi : Erotisme = aphrodisiaque = dopage ? Et c'est ainsi qu'un raisonnement naît . En ces temps de sports exacerbés sur nos médias , du tournoi de Roland Garros et maintenant du "mundial" il n'est pas douteux que la question du dopage va réapparaître . Pour comprendre , un peu d'histoire , tournons nous vers le professeur Jean-François Ringuardeau* qui lors de diverses causeries et conférences a brillament traité le sujet . - Dites nous professeur , peut on dater les débuts du dopage ? - Je crois que la réponse nous est fournie par ce soldat grec qui a couru annoncer la victoire et qui fut le premier "marathonien" . Nous savons qu'il a expiré en arrivant au but , ayant à peine le temps de délivrer son message. Etait il dopé ? Je pense que oui et j'en veux pour preuve deux aspects de l'évenement . - Il meurt après une épreuve insensée pour l'époque , victime à coup sûr d'une "overdose" , les soigneurs d'alors ne disposaient pas de nos moyens . Confiant dans ses possibilités transcendées par la pharmacopée il s'est bêtement dit "j'y vais" . - Si au contraire il n'avait pas été drogué il aurait refusé disant à son adjudant "mais ça va pas !" préférant se taper quinze jours de mitard plutôt que d'avoir à courir comme un dératé pour les beaux yeux d'un adjudant . Et pour annoncer une nouvelle qu'un pigeon voyageur aurait transmis dans de meilleures conditions . (voyez nos pigeons ci dessus ) Le professeur Ringardeau lorgna alors vers la carafe qui trônait au centre de la table , mais elle contenait désespérément de l'eau tiède . Tant pis . - Je continue , plus tard , ou est au même moment , les gaulois mirent au point des recettes "miracles" dont il est largement fait état dans l'œuvre de Goscinny et Uderzo . Mais il n'y avait pas que cela dans l'arsenal gaulois , du petit salé aux lentilles aux liqueurs habilement distillées comme l'Armagnac , la palette était large et nous est parvenue dans de bonnes conditions de compréhension . Au moyen âge , de preux chevaliers rompaient des lances le dimanche après midi lors de tournois sur la place des lices , sous les yeux de leurs belles . La compétitition était rude , sans fair play excessif , les meilleurs seuls survivaient . Il faut se remémorer l’équipement de ces vaillants jouteurs. Des armures en fer forgé et embouti par les forgerons de village , sur des cotes de mailles en fil de fer tressé . On ne connaissait pas alors les alliages légers , ni le kevlar ou le makrolon et ainsi harnaché le cavalier doublait de poids . Malheur à celui qui tombait , il restait ainsi dans la position de sa chute , comme un hanneton sur le dos . Alors pour donner des forces supplémentaires , dans les arrières cuisines obscures du château fort les sorcières du lieu cuisinaient à la demande des belles chatelaines des philtres , pas seulement d’amour . Le compétiteur , pour agréer au désir de sa belle (tenez prenez ce breuvage bel ami , il vous donnera du courage…) avalait la mixture en fermant les yeux , un peu « à l’insu de son plein gré » et tout ragaillardi s’en allait chevaucher pour vaincre . Mais n'est ce pas les exigences de la compétition , l'élitisme et la concurrence impitoyable ont fait que le dopage est devenu l'objet de recherches , d'exploitation et in fine la garantie de résultats maximums . Plus tard , quand le sport se répandit dans les couches les plus humbles de la société , l'élite , soucieuse de conserver son rang a eu recours à son tour aux bons soins de sorciers bienveillants pour continuer à briller au sommet . Et autant que possible supprimer cette "noble incertitude du sport" que l'on peut appeller le hasard ou l'adversaire teigneux . 1903 Le premier tour de France , Maurice Garin impressionnant centaure chevauche une "petite reine" d'au moins vingt kilos , sans tenir compte des sacoches . Les étapes sont titanesques et la fine fleur de notre belle jeunesse participe à l'épreuve . Maurice Garin est premier , devant Petitbreton , Aucouturier et d'autres . La diététique de la belle époque n'est pas renommée pour sa légèreté et pour combattre les effets pervers des sandwichs aux rillettes il faut des préparations plus sophistiquées . Garin utilise un mix savant fait de jaunes d'oeufs battus dans du porto , auquel on ajoute un peu de miel et avec ça parcourt les 3500 km ! Plus tard tout cela s'est perfectionné et il n'est pas douteux que les moyennes obtenues aujourd'hui sont proches de celles fournies par des motocyclettes de grosse cylindrée . Le sport hippique pâlit de jalousie devant le succès du vélo et naturellement s'intéressa aux préparations qui pourraient ... Donc on administra aux jockeys des produits destinés à améliorer non pas la race chevaline , mais les performances de l'homme . On s'aperçut rapidement que l'on faisait fausse route , de plus il est bien difficile de piquer un vélo . En effet , chez les cyclistes on n'avait pas d'exemple que l'on dopât les vélos . Les pédaleurs oui , pas la machine . Et les chevaux couraient depuis toujours à la même vitesse . Alors on a dopé les chevaux , en se livrant à des calculs empiriques (le jockey pèse 48 kg , le cheval 500 , on fait une règle de trois et vogue...) Les bêtes ont couru plus vite , mais il y a des effets collatéraux qui n'ont pas toujours été prévus . L'équidé , en pleine euphorie s'est cru capable de tout , on en a vu qui voulaient à toute force honorer des mâles qu'ils confondaient avec d'accortes juments . D'autres enjambeaient tout ce qui était enjambable , la porte de l'écurie etc... On cite même un cheval qui a enjambé une deux chevaux ! En plein fantasme , le fantasme mâle total , le rêve absolu , deux filles pour un mec , le bestiau a sans coup férir enjambé la deuch' ! Y avait il des occupants ? On ne dira jamais assez le fléau du dopage , les footballeurs sous la douche , les tennismen (lay your racket , injonction familière au lourd double sens ) et tant d'autres lamentables exemples . Mens sana in corpore sano , nous sommes loin de ce grand principe de nos lointains aïeux . Il nous faut revenir aux fondamentaux … « Plus tu pédales moins vite et moins tu avances doucement » plus connu sous le nom de « postulat de Pierre Dac ». Aussi connu que le postulat d’Euclide . Un postulat énonce un principe qui ne se démontre pas « deux droites parallèles se rejoignent à l’infini » personne n’a été voir à l’infini si ces deux droites se rejoignaient . D’autant que ça fait loin . Mais il est aisé , lorsque l’on grimpe sur un vélocipède de se rendre compte de la réalité du postulat de Pierre Dac . Alors amis sportifs , lorsque vous enfourchez votre machine , pensez y . « Plus tu pédales moins vite » et le fléau du dopage s’estompera pour laisser la place à l’effort qui transcende . « Et moins tu avances doucement … » Le professeur Ringuardeau , universitaire et chercheur reconnu . Il est le descendant d’une grande famille , de celles qui ont fait la France . Son ancêtre Jehan François de Regarde de Haut s’est illustré lors d’une croisade , il avait pour habitude d’observer la situation , de son cheval , de son balcon , avant de commencer une action . D’où ce patronyme . Le parler des gens d’ici a déformé son nom et de glissement en glissement c’est devenu « Reinnguarh’d’ieau » et Ringuardeau pour finir . On lui doit entre autres un essai remarquable sur « l’évolution de l’érotisme familial en milieu rural » paru aux éditions du Portail (épuisé depuis… un peu à l’image de l’auteur ) |
Lysée-Hodinia | RE: Quelques lignes sans importance | Ajouté le 15/11/2006 à 15h08 |
1 - merci pour le commentaire pour mon histoire de carrés. 2 - Par la narration d'une longue histoire, outre le sujet dont il peut être question, je sens un regard assez perspicace sur les choses, l'environnement, l'Histoire, et si on lit avec une attention particulière : on se rend compte que de nombreux sujets sont abordés, certains bien dévoilés et d'autres à peine visibles mais dont on en soupçonne la grandeur. On se sent happer sur une piste, on se retrouve dans une autre dimension... ORIGINAL et TALENTUEUX ! |
loreley89 | RE: Quelques lignes sans importance | Ajouté le 15/11/2006 à 18h06 |
Belle démonstration...."deux pigeons s'aimaient d'amour tendre"....et on a vu à la fin qu'ils n'étaient pas à cheval sur les principes...Bravo chroniqueur, et merci de nous distraire |
Ces poèmes attendent vos commentaires
© Indigene Poésie 2003-2019. Tous Droits Réservés.