vieux tas d'ordures bêlantes
Berrysime | vieux tas d'ordures bêlantes | Ajouté le 01/05/2011 à 17h15 |
va et prends, si tu aimes il faut partir, là, les fruits du jour la lumière parle je te dis, tu es à la circonférence de la margelle tu n'oses pas, ne vois pas, ne danses pas ton corps se replie lentement, s'asphyxie, tu crois survivre mais tu es déjà comme moribond tes mots ne te sauvent pas, ils ralentissent tout au plus ta sensation d'erreur tu as peur de partir, tu as peur d'être, tu ne t'ouvres pas même à l'avouer : tu ne descends pas de voiture, ne caresse pas les champs; entre réveil et lever, tu obéis à l'urgence tu manges ta propre merde tu utilises 30 % de tes capacités pulmonaires ton existence programmatique est une ode obéissante et larbinesque alors quand de tes antennes tu sors frileusement de ta gangue pour gémir ton kit et kat de poète pour gerber tes flocons d'avoine de rêveur nain pour rêver ton romantisme de carnaval passé à tabac tu n'es même pas capable de rire de ton propre burlesque tu crois retourner le monde mais ce n'est que ton oreiller tu viens chercher ta petite bulle, petite bluette, petit fifrelin mais ta petite queue, petite chatte, dorment tus et inféodés tu bois des liqueurs de thermomètre, t'enfièvre, crois visiter les nuées crois de bois et fer que ta poésie contient la moitié des apports journellement recommandés si tu es poète ferme ta gueule à la Vigny, ferme ta gueule de Corbière, ferme ta gueule d'Oulipo, de Char, Bonnefoy, Jacottet, Gaspar ferme ta gueule de Basho de mes couilles Essaie de renaître vraiment dans ce XXI ème siècle logorrhéique, diarrhéique, impossible, désenchanté, vaste, foudroyant, fictif, archinuméricodébilo. Expérimente les risques. Puis chance, évidemment. tu n'as encore rien commencé. Enterre tes dentelles, tes calames, tes falbalas narratifs antédiluviens accepte de n'être plus qu'une ombre, un vieux ratiocinement d'édenté ferme ta geule respire redécouvre tout de suite |
zorro | RE: vieux tas d'ordures bêlantes | Ajouté le 01/05/2011 à 21h05 |
finalement qu'on soit en haut de l' Anapurna ou sur un vieux tas d'ordures bêlantes, la vue est belle et moche, sympa et conne, logique et débile, fragile et casse-couilles, et on ne voit aucun poète chier devant nous... Cela est un risque quand on n'a pas la conscience, le vouloir, le supplément d'âme nécessaire à la compo d'un poème...on peut toujours s'en prendre à soi-même, encore faut-il en être capable...poème de qualité, enfin... |
Berrysime | RE: vieux tas d'ordures bêlantes | Ajouté le 02/05/2011 à 14h45 |
Tu sais bien toi, Zorro, n'est-ce pas, que les corps sont à peine sortis du feu, de la roue, de l'écriture, des guerres, et que les consciences se la racontent comme plantées encore au XIXème siècle, pleine scène pompière. Dans ce musée actuel d'Occident il reste la liberté infime, Don Quichottesque, de s 'affubler de costumes de son choix rencontrés ça et là, pêle-mêle, dans les joyeusetés des arrière-théâtres intimes et publics. Club de poètes, petits comédiens grimés d'enfantines introuvables orgues Et il ne vaut sans doute mieux pas rencontrer le visage vrai de la poésie par les temps qui courent , elle déporte de l'attelage je crois, c'est un coup à finir dans la tour du menuisier Zimmer sur les bords du Neckar ou interné à Rodez. Zorro chéri, nous ne désespérons pas pour autant qu'un pauvre groupe de mots procure un substantiel satori, mais la barre est haute et le barnum des parasites titanesque particulièrement incapacitant. "La main d'un maître joue du clavecin dans les prés" ...et tout est à redécouvrir. Tas d'ordures... est bien évidemment mauvais, jeté à sa propre face mauvaise, mécontent de soi et des autres accordés en aboulie à produire son cent d'encre convenu, intérieurement tremblotant à assumer toute traversée de miroir... |
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