Passagère
motscoeur | Passagère | Ajouté le 31/10/2010 à 00h27 |
Pour retarder ton départ précipité, Je me suis décidé à t’emporter A la première gare lointaine d’un TGV, Et profiter de ta présence dérivée. Attristée par mon fils, délaissée, Qui n’a su t’enlacer, Je devine ton cœur à rapiécer, Que j’évite de transpercer. A mes cotés, posée sur le fauteuil passager, Les bas côtés de la route défilent en danger, Déboussolant mon cœur encagé, Égaré, ne sachant où se ranger. Un œil sur le rétro, l’autre sur le pare-brise, Le silence pesant, en conversation, se brise. Poliment, tu réponds à mes questions précises, D’une leçon soignée bien mal apprise. J’accélère et décélère au rond point de tes besoins D’amour que je considère avec soin, Imperceptibles piques d’oursin, Piqués au fin fond de ton être en essaim. Ton père et ta mère sont un refrain, Dans ta révolte en fond souterrain, Que je maitrise à coups de freins. Tu pourrais être ma fille d’un coup de rein. Tu émiettes ton quotidien bien mal en point, Sans déballer la fournaise de ton chagrin, Que tu retiens à pas de velours sereins, Sans te livrer à l’étranger que tu craints. Je, tu, vous se mélangent en hésite Ne sachant sur quel pied tu t’invites. Tu préfères te cacher dans l’insouciante évite, Malgré ta retenue, désirable, en fuite. Le voyage sans temps, passe en fin, Braque mes désirs sur leur faim. Il est temps de te poser aux confins… J’égare aux portes de la gare ton couffin. Bébé déraciné, en pousses tendres calcinées, Au parfum juvénile que je n’ose klaxonner, Tu me quittes en vouvoiements conventionnés Sur le triste quai des espoirs désarçonnés. Le traintrain déporte mon quotidien, Que ma voie ferrée crie pour de rien. J’en appelle à tous les saints, sans soutien, Qui me refusent le voyage transsibérien. Belle sans histoire de première classe, Que mes pensées adulent et surclassent, Tu emportes mon cœur en seconde classe Au loin, balayée au passage de l’essuie-glace. |
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