au sortir de l'adolescence (receuil)


guylomm au sortir de l'adolescence (receuil) Ajouté le 15/07/2009 à 00h09
Les familles étalent sur de larges tartines
Du beurre rance aux relents pestilentiels,
De l’amour gras qui tache sur la peau
Et nous transforme en petits obèses.

Bave et crache, renifle et ravale, joue avec ta salive et puis prends-toi des gifles. A terre ! Coups de pieds qui pleuvent sur des bambins trop fiers, papa a du gras au coin des lèvres et un rictus imbécile.

Tache d’huile ! Incapable ! Petit con ! Reste à terre !
Je t’arracherai les yeux et les dents si tu ne m’obéis pas !

Mais aujourd’hui tout cela a du mal à glisser sur mes os débiles,
il faut digérer ou maintenant gerber.

Le monde s’échappe lorsque j’ouvre les yeux et mes petits mots s’apparentent à des insultes. Ils jurent à l’image, les regards sont complexes et les langues s’emmêlent.

Allons remplir la cruche avide de bouffonneries, allons remplir avec nos sexes le morne vide de l’instant d’après.

Les roses en potage ont la faculté téméraire de ternir à jamais les palais dorés des sultans oisifs.

Autour de l’étoile, en dedans et plus au loin, je ressens d’intenses douleurs, aigres et salées. Elles sont sales, sales et vides, vides, vides.

Les guitares se sont tues et Bonheur est devenu un despote.

Nous ne serons plus amis toi et moi parce que ce que tu dis est bien trop délétère, et ce genre de discours, moi, ça me fait comme des coups de pelle dans le dos.

Je me relève petite sœur et j’esquisse un semblant de sourire parce que toi tu sais les saisir. Sinon j’ai beau, je reste laid.

Au milieu des cafards
Je deviens une bête effrontée
Qui contre la mort
Se bat sans raison.
Lorsque le jour parait,
La peur me saisit à la gorge
Et je me cache dans un coin.
Cette chambre a mille angles
Tous très bien pour s’y perdre
Sur quelques notes de musique.
L’angoisse terrasse mes rêves.
La vie est brute plus que jamais
Et je voudrais m’y réfugier.

Réfugions-nous derrière les Chimères et dansons, dansons et rions, les mots s’échappent et s’envolent, ils sont vides du sens des origines et pleins de nos Rêves.

Il n’y a plus qu’un mauvais acteur
Qui déambule sur ces planches nues,
Le besoin d’être applaudi
Encore et encore
Lui fait faire des grimaces.
De son effet grand-guignolesque
Il tire une pointe de plaisir :
Dans l’esprit des gens il a réussi à s’immiscer.
Mais, sitôt que les rires cessent,
Les murmures, le bruit de fond,
Le monde s’éloigne.
Dans le noir le public n’est plus qu’une masse compacte et étrange
A laquelle il fait front.
Une vague de panique le saisit,
Le prend à la gorge,
Le silence est semblable à la mort.
Pris d’un vertige
Il tombe à genoux.
Les murmures s’intensifient,
Grossissent en exclamations.
L’homme seul se donne en spectacle,
Il s’étale,
Se met en boule,
Il hurle,
Le vide,
La vie qui cogne,
Le besoin d’exister.

Grasse et grosse, cette putain m’achève à coups de crosse, elle tabasse et me rosse, moi, à bout, à genoux, dans ce trou à rats.

Démantèle le mur de mes vingt cinq années et ouvre les fenêtres pour aérer la pièce de la poussière de ces années amères.

Quelle débandade !
Quelle évidence !

Et je racle les résidus de souvenirs fondus qui ont durci sur le sol.
Je racle aussi ma gorge car quelque chose est resté en travers.

Oh ma belle, range donc ton fusil
Cesse donc de cribler de plombs mon cœur sanglant
Tes bottes en cuir qui m'écrasent les orteils
Peux-tu les retirer et me laisser partir ?
Je ne demande qu’à fuir moi !
Je voudrais bien détaler et disparaître à jamais
Mais pourquoi me poursuis-tu toujours ?
Tu es dantesque et ton sourire sent la poudre
Ton fard qui dégouline sur tes joues m’effraie
Te transforme
Et nous éclate.

Istanbul
Fais dans le grossier
Des sexes érigés
Pour le ciel féconder
Spermicide ou suicide
Suscite
Suspecte cité endormie
Grabat de ruines
A l’échafaud chaud
Je chois
Je chute
En chien
Sans choix

Je ne perdrai jamais l’habitude d’aimer la Liberté. Les murs de verre s’érigent sournoisement.

Mes Rêves me fatiguent à force de me ballotter. Le corps de ma jeunesse est bleu transi de froid. Mais je rêve encore et mes larmes se cristallisent parfois en de parfaites pierres précieuses.

Elle décolle enfin la passion de mes vertes années!
Peut être qu’espoir ne rime plus qu’avec leurs lois !

Je sommeille en moi alors que d’autres enguirlandent des villes. Des clochers s’embrasent et les étoiles, elles, nous émerveilleront toujours. Rimbaud danse dans sa tombe . L’herbe perpétuelle n’en finit plus de croître. Parlez-moi de Jésus, mais pas de ce monde.

J’offre un feu d’artifice pour cette nouvelle année. Des mots en bouquet et un final déjanté. Ah ! Vivre enfin, autrement.
Il existe quelque chose en dehors de ces quatre murs, il parait. Des parfums chatouillent les narines, la pluie fine fait de singulières sensations sur la peau. Le soleil, lui, fait briller le teint et illumine les visages.
Il existe un monde en dehors de ces quatre mots.
Il existe des couleurs chatoyantes qui s’affichent en profondeur dans des décors déployés tout autour. J’aime cette réalité qui ne nous surprend pas lorsqu’on se retourne. Les parfums et les couleurs, les sons, ceux des foules en mouvement. Moi je voudrais être plusieurs pour sortir plus souvent. Ou peut-être accepterais-je enfin un jour d’être seul ?

Un rideau léger flotte au vent
Et sur le tableau qu’offre le ciel bleu
Les nuages cotonneux se déplacent
Comme de gigantesques vaisseaux
Grandioses et rutilants.
Ils occupent, maintenant, tout le rond de l’espace
Et de grands ballons d’hélium
Pleins des couleurs de la terre
S’élèvent et dansent dans l’onde
Ils sont fiers et majestueux
L’air frais de cette fin de siècle
Exalte les esprits merveilleux
Qui rêvent d’une nature
Qui serait moins mécanique
Nous voulons des arcs-en-ciel
Des bateaux flottants dans des lagons couleur de sable
Nous voulons des créatures marines translucides
Et lumineuses pour réveiller enfin
Nos rêves.

Les bras tendus vers le ciel
J’embrasse l’impalpable
Le vide et le néant,
Les étoiles et les courants.
Les vents se lèvent,
Et des vagues, de poussière d’argent,
Grandissent à l’horizon.
Je suis un mage, ou bien un tout puissant.
La nature est une marmite d’or rutilant
Dans laquelle je verse mes ingrédients,
Une pléthore de rêves enfouis,
Des divagations de l’esprit,
Des paradis fuyants.
Une potion limpide et translucide,
Une mixture de l’imagination,
Explose! feu d’artifice! splendeur lumineuse!
Au tréfonds de l’âme du magicien,
Les planètes, les astres éternels
Deviennent des objets que je maîtrise.

Et alors je voudrais courir le monde et sentir les atmosphères pénétrer en moi. Les radiations du soleil me transperceraient sur tous les continents et j’apprendrais à écouter mon organisme ronronner, j’étreindrais le ciel et croquerais dans l’éther.


Hubix-J.Felert RE: au sortir de l'adolescence (receuil) Ajouté le 15/07/2009 à 12h58
magnifique poème ,celui de la douleur d'être,du manque d'air existentiel,de cette période trouble qu'est l'adolescence:elle forge ou elle détruit,période transitoire où les conflits intérieurs et extérieurs entachent ce qui pourait être apprentissage,communion,découverte,relations...ton poéme vient enrichir le site...Il montre à quel point le terme amateur peut être péjoratif...merci et au plaisir.

loreley89 RE: au sortir de l'adolescence (receuil) Ajouté le 15/07/2009 à 23h00
Oui vraiment, belle progression mais tu gardes une part de rêve importante en toi, et c'est c'est vital pour toi. Bravo, je relirai avec plaisir cette poésie. Merci

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