au père


Elian au père Ajouté le 25/01/2009 à 21h13
C'était au bord du fleuve
et mon père s'éteignait.
J'étais à son chevet.
Là-bas triomphaient des oiseaux en leur multitude
tandis que je glanai les épis de la mort.
Et mon père abattu tel un arbre
du temps deterra son antique main
de vie toute encore fardée
avant que la finale alluvion de son sang
n'inonde des heures le détroit incertain.
Lors, sous le crépuscule,
je la serrai dans ma paume en l'écoutant parler.
laissez-moi encore un peu marcher, disait-il,
je trouverai nouvelle grimace pour effrayer la mort.
Je sais qu'au dedans de moi se tournent déjà mes yeux,
qu'au sillon de mes joues s'élèvent d'acides floraisons,
que ma main n'est que branche au bâton.
Je sais que trop m'ont vu de paysages,
qu'au sommeil je semble ne pas dormir,
je sais, je sais qu'alors ma bouche est crevasse
et mon nez caverneux et ronflant museau de bête,
qu'alentours de ma tête sont jaunes mes cheveux,
plus funestes qu'épines .
Je sais l'hésitation de mes jambes quand à la verticalité je m'affronte.
Je sais, surtout, je sais.
Mais laissez-moi encore un peu marcher.



Bernard Lanza RE: au père Ajouté le 26/01/2009 à 20h42
Une grande dignité dans ce récit d'une fin de vie.
Un poème qui m'a vraiment ému.

Plume
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