Immortalis?


A.Draneil Immortalis? Ajouté le 10/05/2008 à 22h17
I

Au fond, que vaut d’être immortel en ce bas monde,
Si l’immonde, sans cesse, en meurtrissures profondes,
Au fil des jours fait germer, l’horreur féconde,
Ici, dans les sillons ensanglantés de ce monde ?

Que nous, apprend elle, que nous ne sachions déjà ?
Qu’en dessous de ce sol fermente l’humanité,
Ces squelettes trébuchants, à la mine émaciée,
S’impatientant de la serrer dans leurs vieux bras.

Qu’au dessus, là, s’épanouissent ces fleurs rouges sang,
Effeuillées dans ce bouquet garni empestant,
La folie suicidaire, son arôme enivrant,
Qui fait bouillir les sangs et valser les tyrans!

Enchaînant les jours sans souci du lendemain,
Mais qui voudrait être de ceux qui défient la Vie ?
Se défaire de ses fers et ses chaînes à nos mains,
Qu’il nous faut traîner tout au long de nos envies ?

II

Ô mais ces envies, sont pour nous simples mortels,
Cette main maternelle qui un jour guida nos pas,
Nous apprenant à cheminer vers l’au-delà,
À fuir loin, l’infini, ses regrets qui martèlent!

Ce noir abîme, où les remords crèvent nos coeurs,
Où les souvenirs d’antan se languissent en chœur,
Entonnent une complainte douce, amère et monotone,
Fade, tel ce décor qui meurt quand fane l’automne!

Sur les violons de l’âme, les archers amers,
Languides, cristallisent o sur ce crin éploré,
La tristesse aux graves accents; c’est ce noir cristal,
Luisant sur le cristallin à la fin du bal!

Des saisons en enfer! Cet éternel hiver,
Qu’il faut traverser sans s’amouracher, jamais!
Cadenasser son cœur, ignorer ces passants,
Et seul vivre transparent, pour survivre aux absents!

III

Il n’est pire fléau sur cette terre, que l’omniscience,
Que les sens enivrés par trop de connaissances!
Il est des fleurs, que l’on ne cueille à l’infini,
Des saveurs perdues, qui ne renaissent à la vie !

Il est des parfums qui nous embrasent qu’une seule fois,
Il est des fois qui se répètent jusqu’au dégoût,
Mais qui n’égalent la jouissance de la première fois.
Comme ces rats infestant le fond de cet égout,

Ces souvenirs ont de ces lieux la puanteur,
Naviguant nonchalants tel un simple immondice,
Dans ces eaux noires, tumultueuses, ils sont les indices,
La pourriture, qui gangrène, nos plus saintes ardeurs!

Ses saveurs, qui livraient hier leur virginité,
A mes lèvres innocentes qui l’ivresse rechercheraient,
Ne sont plus que remords, vivant dans ma mémoire,
Et la chaleur de ces fois, m’envahit ce soir !

A.D


loreley89 RE: Immortalis? Ajouté le 12/05/2008 à 09h47
C'est lorsque cette chaleur des autrefois t'envahit que j'aime lorsque ton âme se révèle. Merci ...

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