Hommage à Edgar A. Poe
Astrid A. | Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 17/09/2011 à 21h05 |
(j'avais promis un amour mélancolique, voilà qui est fait) Aurore (17 septembre 2011) Toutes les nuits, lorsque sonne minuit, Je délaisse mes draps pour retrouver tes bras. Chaque marche modifit ma démarche, Mon pas lourd résonne au alentours. Sur le palier, ton portrait me fixe sans ciller. Hésitant, je sens ton regard pesant. Dans un soupir, je souffle ton nom: "Aurore" Accablé par le poid de ton absence, De ma main chancelante , je saisis la poignée grinçante. Ce vent glacial me rappelle ce jour de Décembre, Jour de peine et de réjouissance. Je me souviens distinctement maintenant, De tout nos célestes moments A l'instant, le temps te retenant, Aurore. Dans le soir lugubre, je m'avance, incertain, La lune découvrant les sombres dalles. Et me mène ta voix sépulcrale, Au travers de ces damnés défunts Jusqu'au caveau solennel, ta demeure éternelle Où l'on peut deviner ton nom, Aurore. Les arbres nus semblent autant d'écorchés Criant leur malheur d'être ainsi exposés. Leurs branches torturés dans l'obscurité Paraissent briser sa morbide tranquilité. Mes foulées se veulent mécaniques Et mes pensées mélancoliques. Mais infiniment me hante ton nom: Aurore. Tellement faible et autant tourmenté, Sur on caveau me voilà agenouillé, Je tiens dans la mienne ta main cadavérique Soutenant avec peine mon corpus ibérique. De mes yeux encore valides, Je fixe tes orbes immanquablement vides. Brodé encore sur ton mouchoir en lettre d'or, ton nom: Aurore. Et alors, je laisse mes forces me quitter, Et je pose ma tête pesante sur ta poitrine décharné. Je sens encore la caresse de ta robe mitée qui me rappelle ces jours que j'ai tant aimé. Dans un ultime soubresaut je me laisse aller, Cette nuit, encore une fois, je dormirais à tes côtés, Jusqu'à l'aurore, Aurore. Et demain, à nouveau le cycle de l'aliénation Dont je ne pourrais faire abstraction, Me happera dans les tréfonds D'une vie, sans toi, vide et morte: Mon amie, mon amour, mon Aurore. |
Grand Jacques | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 17/09/2011 à 23h40 |
Bonsoir Astrid, Le décor est planté dans ce poème plutôt gothique que mélancolique où l’amour et la mort sont intimement liés. Le personnage aime plus Aurore dans la mort qu’il ne l’a aimé dans la vie, car la nuit est le seul moment où à son tour il vit la mort avec intensité. On sent cette attirance morbide pour les ténèbres, le néant. Tu as un véritable don pour le pessimisme poétique. J’ai froid en te lisant Astrid, mais je ne peux m’empêcher de t’admirer dans cette composition, et la question se pose : peut-on aimer plus dans la mort que dans la vie comme ton personnage ? Avec toute mon admiration Jacques |
Astrid A. | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 18/09/2011 à 11h20 |
Moi j'aurais plutôt tendance à dire qu'il l'aime autant dans la vie que dans la mort. Décor à la manière du corbeau d'Edgar Allan Poe, hommage maladroit peut être mais qui vient du coeur. Merci de me lire et d'avoir un point de vue différent est toujours enrichissant ! A.A. |
Grand Jacques | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 18/09/2011 à 23h10 |
Astrid, Ton hommage est très réussi, si je suis habilité à formuler une opinion…On imagine le décor, on vit le tableau, tout est là pour donner le frisson. Récit à ne pas mettre entre les mains d’un dépressif… Tu as la mélancolie dans la lignée du « Soleil Noir » de Nerval, « Bile noire » d’Hippocrate et bien sûr cet «Oiseau d’ébène »d’Egard Poe. Tu es enveloppée de cette ténébreuse mélancolie qui fait toute la beauté de ton écriture. J’aime tout ce qui est empreint de nostalgie, de mélancolie, mais la mienne est plus douce. J’ai quand même écrit quelques noirs poèmes que mon entourage a qualifié de « destructeur » Mais on ne détruit que soi-même et je revendique ce droit Nos échanges m’auront permis de relire à l’occasion Edgar Poe ce remarquable écrivain reconnu par des auteurs comme Baudelaire et Mallarmé… Merci à toi de cet épisode littéraire Jacques |
Grand Jacques | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 18/09/2011 à 23h14 |
...Nos échanges m'auront permis....non ...me permettrons car je n'ai pas encore entrepris les lectures... |
Astrid A. | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 19/09/2011 à 06h15 |
En parlant d'auteur, clin d’œil en passant à la main d'écorché de Maupassant ! Merci pour tous ces compliments Grand Jacques. J'avais promis d'arrêter d'écrire mais c'est idiot de s'arrêter à cause d'un échec. J'attends alors une réussite pour pouvoir m'arrêter, mais comme la perfection n'existe pas... j'ai tout le loisir de créer d'ici là. et un peu plus de 50 ans de vie pour entraîner ma plume. Au plaisir de partager. A.A. |
Grand Jacques | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 21/09/2011 à 00h40 |
Tu cites Guy de Maupassant en prenant références «la main d’écorché». Dans ce récit il s’agit plus d’un conte fantastique, où l'humour n'est pas absent, que de la noirceur des écrivains que nous avons évoqués dans nos échanges. C’était vraiment une ineptie que de vouloir t’arrêter d’écrire. Dans ce domaine les échecs n’existent pas, les réussites non plus d’ailleurs !! Alors continuons d’écrire sans état d’âme. Tu te donnes encore un demi-siècle d’écriture pour assouvir ta passion ? C’est peu, prenons rendez-vous disons…dans un siècle. Enfer(de préférence), Purgatoire ou Paradis nous trouverons bien une place pour échanger quelques idées sur les derniers écrivains et poète de ce nouveau siècle Au plaisir…de te lire....avant cette date G. J |
Astrid A. | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 21/09/2011 à 08h43 |
Je prenais surtout référence à la main d'écorché que lui montre Charles Algernon Swinburne à ses treize ans (je trouve que c'est un magnifique cadeau) quand il l'a sauvé de la noyade. Même si s'en est devenu un texte ensuite, fantastique et humoristique (?) , la première fois que je l'ai lu, ça m'a marqué (d'ailleurs je devais avoir treize ans aussi, drôle de coïncidence) j'avais enfermé le livre dans un tiroir et j'ai pas dormi pendant deux semaines! Souvenir souvenir quand tu nous tiens. Enfer, Purgatoire et Paradis... ça me rappelle qu'il faut vraiment que je lise Dante dont je n'ai lu que des extraits. Alors prochain livre à lire ! Je crois sinon qu'arrêter d'écrire c'est impossible, il y a de longues pauses, des trous d'inspiration mais ce n'est pas vraiment une passion, pour moi, c'est devenu un besoin. Merci de te soucier de mon "avenir poétique". Une citation me revient d'ailleurs à propos de ça: "A force de prévoir l'avenir, on nous le rend aussi fastidieux qu'un passé." de Jean Rostand. Au plaisir de partager. A.A. |
Grand Jacques | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 21/09/2011 à 13h03 |
Bonjour Astrid, J’ai gagné, !! je savais qu’en évoquant Enfer , Purgatoire et Paradis, tu allais rebondir sur la Divine Comédie, Dante et les huit cercles de l’enfer. Dante a été ma première passion littéraire quand je fus en âge de comprendre. En parlant de passion, entretiens la, il ne faut pas que le besoin prenne sur elle le dessus. Le besoin c’est manger, boire et dormir, nécessaire mais pas passionnant…conseil d’ancien Amicalement G.J |
Grand Jacques | RE: Hommage à Edgar A. Poe | Ajouté le 22/09/2011 à 00h24 |
Bonsoir Astrid Suite…. Avec Swinburne tu sembles avoir une attirance particulière pour les poètes « dits maudits » mais pourquoi maudits sinon par les autres ? Il est regrettable dans les biographies que ce côté maudit soit toujours mis en exergue.Je ne renie pas non plus ce style « Les fleurs du mal » ayant été longtemps et encore maintenant mon livre de chevet. Pour reprendre la citation de Rostand, on peut dire aussi que prévoir son avenir c’est déjà vivre dans un passé….futur Bon je deviens compliqué, je me sauve… Amicalement G.J |
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