La rue qui ne doramit jamais
Zigueuner | La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 10h45 |
A l’aube des sixties, A l’aube de ma vie Entre Rhône et Saône Entre Bellecour et Hôtel Dieu Où carabin fut François Rabelais. Cette rue jamais ne dormait Au « jour et nuit » C’était l’enseigne de l’estaminet. Dehors sous la pluie fine , arpentant le pavé Les sergots de la maison « J’artequepince » Pèlerines mouillées et la goutte au nez Y rentraient parfois se désaltérer. Des harengs aux nageoires argentées Julots casse croûte nourris au pain de fesse Tapaient le carton en surveillant leurs drôlesses. Ouvriers de la nuit , les travailleurs de la presse Linos , typos , correcteurs, rédacteurs et pigistes Les mains noircies par l’encre d’imprimerie Trinquaient en attendant la gratinée Que leur mitonnait le chef cuisinier . Tapins en maraudes, commis voyageurs en guoguette Bricoleurs de modestes bizness, prolos en casquette, Coude à coude au comptoir vidaient les fillettes. Dans le nuage bleuté des cigarettes Le représentant remettait sa tournée Et le mac vérifiait la comptée . Dans la rue tohu bohu de fourgons et camionettes Les chauffeurs attendaient que leur soit livré Le journal du matin , la chose imprimée. Petit monde de la nuit , fraternité des initiés… Puis l’aube arrivait et à l’ombre succédait le jour Et c’était la fin des brèves amours. Lulu retrouvait Germaine pour un café arrosé Et c’était l’heure de rentrer , de se pager . Service fini, mon pas sonore frappant le pavé Je m’en retournais à mon lointain quartier. Je rejoignais une paillasse sous les toits Où ne dormait que moi . |
Zigueuner | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 11h20 |
Whaoo la faute dans le titre ... On devrait toujours se relire ! Mes amis , lectrices , lecteurs , j'implore votre indulgence ! |
norette | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 11h24 |
Tu vois, que ce sont les touches du clavier qui en sont la cause. Idiot celui qui juge et fait le correcteur tout en faisant lui des fautes d'orthographe, mais plus graves encore sur les modes!!! Ce que tu écris est bien fait. |
Lysée-Hodinia | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 12h07 |
Bonjour Zigueuner : A l'Aube de ta Vie, quelle plume! Tu as puisé dans les pages imprimées de ton cerveau truffé d'anecdotes, ce regard cocasse, humoristique posé parfois de ce qui se vit autour de toi! J'admire cette manière que tu as d'élever ces petits détails de vie, de rues... Au plaisir, belle plume! |
loreley89 | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 12h43 |
oh zigueneur , ton oeil expert a su relever les images, et ta main retracer les évènements...bravo et merci ..tu sais.... |
rose | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 13h13 |
Une mémoire d'éléphant! Qui aurait dans sa tête ces détails? Qui saurait en faire si bel écrit, plein d'humour? |
Lysée-Hodinia | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 15h12 |
Zigueuner : je rectifie : c'est à l'Aube de ta Plume, quelle vie! Tu as tant de belles histoires à nous raconter.... |
Zigueuner | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 16h19 |
Merci à tous , merci aussi aux grands auteurs qui m’ont soufflé certaines tournures vigoureuses et heureuses . A Alphonse Boudard pour ses harengs aux nageoires argentées , aussi pour les « julots casse croûte » , quant au « pain de fesse » il peut aller avec du vin de messe . Les « sergots » qui se souvient des « sergents de ville » devenus plus tard des « hirondelles » (pas du faubourg !) en référence à une marque de vélo ? Toujours en couple ...Les escarpes de la belle époque les nommaient ainsi . « Un fillete » ou une carafe , ainsi « rhabiller la fillette » consistait à la remplir à nouveau , le bougnat tirait au tonneau son rouge de comptoir et la carafe retrouvait sa place sur le zinc ou sur la table . La gratinée ou soupe à l’oignon , plat national des nuiteux de la nuit lyonnaise , tous en commandaient , honnêtes ouvriers du livre , macs affamés ou bourgeois encanaillés , c’est reconstituant , plus une tranche de St Marcellin affiné et ça fait la rue Michel , on repart au chagrin de meilleur cœur . La « presse » ensembles des activités liées au journaux avait sa rue , en plein centre , rue Belle Cordière , notre poetesse légère et éternelle , la vie se calmait au petit matin et la rue somnolait en attendant le soir prochain qui la verrait envahie à nouveau… Chez nous on ne prenait pas un bock , on commandait un « Malval »du nom d’un linotypiste qui ne buvait que des moitiés de demis , « tu me sers un malval ? »demandait l’assoiffé au bleu que j’étais … Devant mon ignorance il m’a expliqué , la taulière m’a montré le verre qu’il fallait utiliser … Une moitié de demi , que la vie peut donc être intéressante ! |
Lysée-Hodinia | RE: La rue qui ne doramit jamais | Ajouté le 18/01/2007 à 16h57 |
Et Zigueuner s'est élancé ... quel bonheur pour ses Lecteurs! Ces RUES avaient une Ame, des Parfums, des Ambiances, une certaine Nostalgie! Il est des Choses, des gens d'hier, qui n'ont plus le même attrait de nos jours... Dommage! J'ose espérer que ta "Paillasse " était moelleuse, quand tu rentrais... Au plaisir de te relire, Narrateur d'un Temps ô... |
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